Il a passé un bon bout de temps a remonter l'Ovézère, une rivière qui l'emmènerait jusqu'aux montagnes du nord. L'eau s'était fait la malle, il ne restait que quelques flaques et un filet liquide au centre de la rivière. Modo s'amusait parfois à ne marcher que sur les cailloux émergés.

L'évasion s'était déroulée sous les yeux camés de la lune, une nuit d'été.
Modo glisse sur sa vie comme on glisse ses doigts sur une table de jardin humide. Il semble plein d'une vitalité tranquille et accorde aux choses une attention aléatoire, si bien qu'à son premier pied libre il s'est arrêté dix précieuses secondes à apprécier l'humidité du gazon.

Le soleil, à travers les arbres anorexiques, tentait d'écraser Modo. Il se faufilait sur des troncs délicats, imbibés de l'eau des rosés, ils étaient creux et résonnaient des mélodies. Il restait à Modo des longues journées de marches mais il ne pensait pas à ça. Ses fringues de prison lui collaient à la peau, pleins de sueur sèche.

Sur sa gauche, un chemin de terre donnait sur un champ. La terre au bord de l'eau était travaillée par des sabots, elle était retournée et bien faite. La belle terre ouvrait l'appétit de Modo, et une fois remonté le chemin, il n'y avait pas de cheval. La plaine était imbibée d'une chaleur bétonneuse. Ses pieds nus brûlaient à peine sur la terre et le gazon sec. Il continua sa route.
-Maybe we should discuss Danny ? What sould be done with him.
- Gna don't know
- Oh, I don't think that's true, I think you have some very definite idea about what should be done with Danny, and I'd like to know what they are.
-Gnaï sssink mèillebi, Dani choude avebinne tékine tout euh docteur
-You think maybe Danny should've be taken to a doctor ? Wendy thinks maybe Danny should have been taken to a doctor !
-Gnase sounase possibeul
-Gnas soon gnas po-ssi-ble !
-Oh Jack Come on (grosse victime Wendy en vrai)
- You think his life might be in stake ?
-Yes
-You are concerned about him ?
-Yes
-And you're concerned about me ?
-Of course I am !
-Of course you are ! Have you ever thought about my responsabilities ?
-Oh Jack what you're talkin' about ?
-Have you ever had a single, moment, thought about my responsabilities ? Have you ever thought for a single solitary moment about my responsabilities, to my employers ? Does it ever accured you that I've agreed to look after the Overlook Hotel until may the first ? Does it matter to you AT ALL that owners of place like that ... confidence in me, that I've sign a letter of agreement, a CONTRACT, in which I've accepted that responsability ? You have the slightest idea ... principle is, do you ?!
-Stay away from me.
- Why ?
-I want to go back to my room
-Why ?
-I don't know, I just want to wait until thing gets over
-You had your whole fuckin' life to wait until thing gets over, what a few minutes more gonna do you now ?
-Stay away, don't hurt me.
-Oh, I'm not gonna hurt you.
-Don't hurt me
-Wendy, darling, light of my life, you didn't let me finish my sentence. I said, I'm not gonna hurt you, I'm just gonna bash your brains, I'm gonna bash right the fuck inn, haha.
-Jack stop, please stop, don't hurt me.
- I'm not gonna hurt youuuuuu
- Stay away from me, don't hurt me.
- Stop swinging the bat. Put the bat down Wendy.
- Stop !
- Gimme the baaaat.
Suburbia est constituée de nombreux petits villages très espacés. Modo devait encore en croiser quelques uns avant de retrouver ses reliefs familiers. Un soir il dû traverser discrètement un terrain de foot pour rejoindre une autre branche de la rivière. Lorsqu'il grimpa aux abords du stade, il fut touché par une lumière orange rasante. Il s'arrêta un instant, bercé par la douce chaleur du soleil couchant. L'air était froid et annonçait une nuit difficile.

Il remarqua à sa gauche un homme nu émasculé, collé à la barrière du stade, il avait la tête levée et ouvrait légèrement la bouche, comme un cadavre. Dans sa main droite il tenait un broyeur d'aliments en bois qu'il frappait contre les barrières. Les bruits résonnaient, et Modo traversa le terrain de foot en vitesse, enjamba quelques tentes et se cacha dans la rivière voisine. Les bruits fusaient toujours, il vit passer un groupe de jeunes et les sons se stoppèrent. Modo continua sa route.

Une forêt commençait à accompagner la rivière. Il décida de la longer hors des sentiers pendant quelques jours. Il prenait du plaisir à crépiter les feuilles sous ses pieds. Il y avait une belle lumière, des animaux dissimulés et l'espoir du retour.

Lorsqu'il vit le noir bleuté de l'asphalte, il sut que son chemin prenait fin. Et qu'il allait rejoindre ses ami.e.s. Ses pieds se déposaient sur le robuste magma en direction de son destin.
Lors d’un bel après-midi d’été, Marc se promenait seul dans la campagne. Il passait ses samedis à se masturber dans les champs périgourdins, pensant à la petite Amandine, la boulangère du Change. Une fois qu’il laissait sa tige pendre sur la brise, il la rencontra en train de lire Union, son magazine érotique préféré. Son sexe était pénétré par ses doigts délicats, frottant son intimité de haut en bas. Marc, gourdin en main, s’en alla flatter sa proie. Ce qui devait arriver arriva et Amandine, comme aimantée par la bite de Marc se la cala au fond de sa gorge humide et bien chaude. Au moment de jouir, Marc fut pris d’une douleur terrible, du sang, du sang partout le long de ses jambes, tout son entrejambe coulait sur l’herbe, la serviette d’Amandine et dans sa bouche, sa bite. Elle l’avait arraché et rigolait à pleine dents à la vue du pauvre homme émasculé et Marc tomba dans les pommes.

Ses interventions ont été rudes et le traumatisme l’a rendu fou, la vue de son sexe absent et la perspective d’une vie sans érection l’ont conduit à s’arracher littéralement les yeux et à s’enfuir de l’hôpital. Les infirmiers lui avaient offert une prothèse en bois pour continuer à pénétrer de la belle mais ça ne faisait qu’alimenter son désespoir. Plus personne n’a jamais entendu parler de Marc, et peu après les évènements, Amandine a décidé de changer de région.
Un certain temps est passé, et les gens ont oublié cette affaire, la vie au Change est redevenue normale. Mais des rumeurs racontent que certains beaux samedis d’été, lorsque l’air est bon, Marc refait surface aux alentours de la commune. Aussi, au premier jour du week-end, personne ne s’aventure dans les environs du Change et les volets restent fermés. Marc aurait été aperçu dans les champs et forêts alentours, il cognerait son gourdin de bois sur les barrières du stade à la tombée de la nuit. Il jouerait cette mélodie comme une malédiction lancée à la commune, pour rappeler sa présence et l’approche de sa vengeance. Tous les étés Marc rôdait au Change, il faisait résonner certaines nuits son sexe en bois sur les murs de la ville.

BONG BONG BONG BONG BONG BONG !

Puis un jour de septembre sont apparus dix artistes au Change, toutes venaient de régions différentes. Personne ne connaissait l’histoire de Marc, personne au Change ne souhaitait raconter cette histoire. Les artistes étaient joyeuses, innocentes, sensibles au paysage périgourdin et à la fraîcheur de ses habitants. Loin de se douter de cette terrible histoire, elles décidèrent de baser leur campement au bord du stade, là où Marc avait l’habitude de jouer du gourdin.

Tout se passait bien pour ces artistes pleines de vie, elles créaient et toutes les journées étaient aérées par le doux sourire des passants. Un soir, au retour d’une douche dans les vestiaires du stade, Sabrina a sentit une présence la suivre jusqu’à l’entrée du village. Pris de panique elle s’est mise à courir mais la présence faisait de même. C’est comme si elle lui soufflait dans l’oreille et la tapotait de son gourdin. Lorsqu’elle s’est retournée au bout de sa course, elle ne vit rien, puis entendit des bruits de bois s’entrechoquer et s’éloigner. Sabrina n’avait plus de souffle, elle suffoquait, ses antécédents d’asthme refaisait surface. Il lui fallait sa ventoline rapidement, elle se trouvait dans les vestiaires. Elle retourna sur ses pas et s’évapora dans l’obscurité.

Le lendemain, au réveil des plus matinales, Sabrina fut découverte gourdée dans la douche des vestiaires, du sang coulait toujours de ses cuisses. Le groupe sous le choc appela les secours, la journée était sinistre et la vraie nature de chacune des artistes se révélait. Quelques jours sont passés et les tensions se sont envenimées. Si bien que chacune avait besoin d’un peu de solitude. Le soir Cyprine faisait du pain pour ses amies, elle souhaitait revoir le sourire sur leur visage. Cyprine était seule dans la cuisine à pétrir le pain. Ses gestes étaient sensuelles et elle sifflotait. Un verre se brisa dans la salle voisine, Cyprine avait peur et ne souhaitait pas se rendre à côté. Elle tenait sa pate comme un homme tient son membre lorsque des doigts ont rejoint les siens. Le bide à bière de Marc caressait les douces fesses de Cyprine. Elle était tétanisée, poussée dans des mouvements lubriques, puis l’émasculé fit rentrer la pâte dans la bouche de Cyprine, lui disant d’avaler salope, avale ! Une fois étouffée il lui tapota le front avec son gourdin, la balança dans le four et la fit cuire.
Lucie aimait se promener seule dans les environs du Change, elle avait trouvée un étang à nénuphars sur les hauteurs. Elle s’y baignait nue, faisait prendre l’eau à ses fesses fermes et se caressait les tétons avec les fleurs de nénuphars. Cette fois ci son bain lui a été salvateur, sitôt que ses ptites fesses sont entrées dans l’eau, c’est comme si toutes les mauvaises énergies des derniers jours se dégageaient de ses pores. Le crépuscule s’éteignait, alors qu’elle jouait dans l’eau, le gourdin de Marc sortit de l’eau comme un aileron de requin et à proximité de Lucie, la tira au fond de l’eau et lui fit ses meilleures prouesses subaquatiques. Lucie fut découverte quelques jours plus tard, ses fesses délicates flottaient à fleur d’eau et une grenouille pataugeait dans son anus rempli d’eau stagnante.
Puis toutes les artistes y sont passées dans la soirée, Charlie avec un bouquet de bois dans son intimité, de l’acrylique sortait des trous de Victoire, Marc en a expérimenté sa qualité lubrificatrice, et puis Léandre, Anastasia, Laëtitia, Cassandra et Nathanaëlle se sont prise dans la toile de Marc.
Le lendemain, le village était rouge de mort, et tous les habitants sont sortis au lever du soleil. Ils savaient ce qu’il s’était passé, et venaient faire disparaître les corps, comme si ces artistes n’étaient jamais venues au Change, comme si Marc n’était jamais revenu au village. On apprendra par la suite que Marc n’a jamais existé et que son histoire n’a toujours été qu’une rumeur inventée par les habitants du village. Tous les viols collectifs qui ont été commis les premières semaines de septembre sont des villageois, tous équipés de gourdins, et ils racontaient l’histoire de Marc en guise de couverture.
J'ai profité de ma résidence Summer Camp en septembre 2019 pour me remettre à l'image après un été consacré au travail d'écriture.
J'y ai fait les trois peintures que vous voyez juste au-dessus, et j'ai terminé une première version de ma nouvelle qui sera éditée en 2020.

J'ai débuté le dessin en recopiant des personnages de bandes-dessinées et de dessins-animés, je pense que c'est ce qui me plaît le plus. C'était aussi l'occasion de me situer sur mon rapport au récit que je fabrique en parallèle, Cosmic City, qui a tendance à prendre toute la place. Aujourd'hui je pense que n'importe quelle pièce autonome peut coexister avec des fragments de Cosmic City, toutes mes pièces partagent quelque part un même rapport aux mondes.